Si tout se passe bien, le Sénégal pourrait décrocher la signature d’un nouveau Compact en décembre 2018, de 815 millions de dollars (289 106 251 378 F CFA) avec l’accès à l’énergie comme défi. C’est du moins le vœu
de l’Unité de formulation et de coordination du second programme Mca-Sénégal (Ufc-Mca).
Après les routes dans le nord, le sud, et le sud-est, c’est au tour de l’énergie. Les autorités sénégalaises ne lésinent pas sur les moyens pour avoir le financement d’un deuxième Compact par le Millenium challenge corporation (Mcc), Agence de développement international du gouvernement américain. Le Sénégal a été désigné pays éligible pour un second Compact en décembre 2015, grâce à une bonne évaluation de sa fiche politique et l’évaluation de ses performances pour sa première expérience (2010-2015).
Un atelier s’est tenu hier pour présenter aux différentes parties prenantes les projets qui forment le second Compact du Sénégal. Après son éligibilité, le gouvernement a mis sur pied l’Unité de formulation et de coordination du second programme Mca-Sénégal (Ufc-Mca) qui est chargée de mener les négociations avec la partie américaine. Seule la contrainte énergétique a été retenue pour le financement du MCC dans le cadre de ce compact. ‘‘Lever ce problème contribuera fortement à l’émergence de notre pays’’, a déclaré le secrétaire général du ministère du Pétrole et des Energies, Adama Diallo, dont le département est le point focal du Mcc pour ce financement. Un choix qui s’explique par l’importance de l’énergie dans le Pse, poursuit-il.
En février dernier, l’Ufc-Mca a mené des consultations pour déterminer les contraintes majeures à l’investissement privé et à la croissance économique. Deux problèmes ont été décelés à savoir le coût élevé de l’énergie, entraînant un faible accès à l’électricité, et les politiques réglementaires et administratives peu favorables à l’environnement des affaires.
La coordonnatrice de l’Ufc Mca-Sénégal, Marième Ndiye Decraene, estime que ces ‘‘projets sont le fruit d’une riche collaboration pour l’énergie au Sénégal et témoignent d’un engagement très fort. Les documents de projets seront assez convaincants pour le Mcc pour lever les contraintes sur le coût élevé de l’énergie’’. Le projet sénégalais à présenter au Mcc devrait s’appuyer sur quatre composantes : la diversification des sources de production d’électricité, l’optimisation du parc de gestion de la demande, l’amélioration de l’accès à l’électricité en milieu rural et périurbain, la modernisation et le renforcement des réseaux de transport et distribution, et l’amélioration du cadre légal et le renforcement des capacités des acteurs du secteur. La coordonnatrice affirme que le Sénégal mise sur un montant de 815 millions de dollars en espérant qu’il sera retenu in fine car la fourchette du MCC est généralement comprise entre 10 et 700 millions.
Finir la RN6
Tout n’est pas acquis pour autant. Le premier conseiller de l’ambassade des USA, Martina Boustani, s’est certes félicité de la première expérience plutôt réussie (540 millions de dollars) de Mca Sénégal qui s’est terminée il y a deux ans dans des localités comme Podor, Kolda, Ndioum, Tanaffe. Mais la Route nationale 6 (RN6) inachevée empêche la complétude de ce premier Compact. Ce qu’il va falloir justifier. ‘‘L’expérience montre que le Congrès américain est plus exigeant la seconde fois. Je puis vous assurer qu’il y a des élus à Washington qui voudraient savoir si la RN6 sera terminée’’, a prévenu Mme Boustani. Le gouvernement, par la voix d’Adama Diallo secrétaire général du ministère du Pétrole et des Energies, a pris l’engagement de la finir avant la fin décembre. ‘‘Toutes les dispositions sont prises pour que d’ici là, cette route soit achevée’’, s’est-il engagé.
Les travaux de la RN6, reliant Ziguinchor à Vélingara, ont été répartis en quatre tronçons : Ziguinchor-Tanaff (116 km), Tanaff-Kolda (72 km) et Kolda-Vélingara (93 km). Cette finition est importante du fait que, pour Martina Boustani, le Mcc a affiché sa volonté de travailler avec le Sénégal et que le nouveau défi est plus grand que le premier. ‘‘Est-ce que le Sénégal est prêt ? Cette fois, c’est l’électricité. Ce sera un défi qui est plus facile à dire qu’à faire. Il est crucial que le coût de l’électricité baisse. C’est bien de découvrir le gaz et le pétrole mais c’est le marché qui détermine le coût de l’électricité. Que faire pour rendre l’énergie accessible et abordable à tous ? Nous avons besoin de plus que de bonnes propositions, mais de meilleures propositions’’, a-t-elle conclu.