SENTV : Quand Idrissa Seck déclarait qu’entre le président de la République et lui, c’est comme du « mbourou ak soow », c’était pour signifier que tout baignait dans l’huile entre eux deux. D’autant plus que Macky Sall venait de lui octroyer un très onctueux fromage à travers l’institution qu’est le Conseil économique, social et environnemental (Cesse) !
Les relations entre les deux hommes avaient pourtant atteint, ces dernières années, un tel degré d’animosité qu’Idrissa Seck avait osé déclarer sans fard que, pour le reste de sa vie, il n’accepterait plus de nomination par décret ! Autrement dit, il n’occuperait plus que des fonctions électives résultant de la sanction populaire. Mais Idrissa Seck nous a toujours appris qu’en politique, il ne faut jamais dire « jamais ». Subtile façon de dire que, dans cet univers, on peut à tout moment revenir sans dommage sur ses propos, se rétracter sans danger ni honte. Cela signifie aussi qu’en politique, le mensonge qui vous permet d’être dans le délit du déni permanent est une vertu. Et en voulant rejoindre Macky Soow, Idy Mbourou s’est renié en confessant, toute honte bue, qu’il avait laissé un interstice dans sa déclaration qui lui permettrait d’user de sa maxime en cas de besoin. Cet espace réduit lui a permis de rejoindre, avec tambour et trompettes, la majorité présidentielle qu’il avait quittée avec fracas aux premières années du magistère de Soow. Hélas, en dépit des apparences, ce « mbourou ak soow » s’est frelaté immédiatement après les nominations à de hautes fonctions de Mbourou et des siens. Après la présidence du Cese et deux portefeuilles ministériels, plus rien !
Deux directions générales promises à Rewmi, en l’occurrence celles du Coud et de l’Agence nationale de la Case des tout-petits, ont été finalement attribuées à des apéristes. Ce qui n’avait pas plu à Soow mais il ne pouvait étaler sur la place publique son désappointement parce qu’il lui fallait tout faire pour ne pas perturber la lune de miel de ce nouveau mariage de la carpe et du lapin. C’était prématuré à l’heure de la lune de miel de déverser son fiel pour Idy. Mais presque huit mois après ce mariage de raison, le Mbourou ak Soow n’est plus ce qu’il était durant les noces.
Les relations entre Macky et Idy ne sont plus des meilleures. Récemment, il y a eu entre eux un clash que la majorité présidentielle a tout fait pour passer sous silence. Pendant ce temps, l’aède Yankhoba Diattara, ministre de l’Economie numérique et des Télécommunications, ne cesse de couvrir d’éloges Soow. « Je suis surpris de l’élan patriotique du président Macky Sall. Avant d’être dans le gouvernement, je ne pouvais pas imaginer que le président était aussi engagé et patriote. Je suis dans le gouvernement depuis deux mois, mais croyez-moi, le président Macky est un patriote au vrai sens du terme car il défend avec beaucoup d’énergie les intérêts du Sénégal », dixit Diattara lors d’une cérémonie de remise de bourses à des étudiants organisée par le ministre de l’Artisanat et du Secteur informel, Papa Amadou Ndiaye, en fin décembre dernier. Il a mis du temps s’en apercevoir ! Le thuriféraire Diattara commence d’ailleurs à habituer les Sénégalais à ses torrents d’éloges à l’endroit de Soow.
Des éloges qui feraient pâlir d’envie et de jalousie les Mbaye Pekh, Khadim Samb et autre El Hadj Mansour Mbaye. Mais le plus remarquable, c’est surtout qu’aujourd’hui, Diattara est plus en vue sur la scène médiatique que son mentor Idy. Au sein de la majorité, des tractations sont menées pour le rapprocher politiquement de Macky au détriment de son mentor de toujours, Idrissa Seck. Aujourd’hui, il appert de plus en plus que Diattara éclipse, par ses sorties dithyrambiques à l’endroit du président, Mbourou lui-même. Il est vrai que ce dernier serait malade et absent du territoire national. Justement, à ce propos, on se demande ce qui aurait empêché le président d’ajourner son déplacement à Thiès, ville dont le maître politique incontesté est Idrissa Seck, jusqu’au retour de ce dernier afin de lui permettre de l’y accueillir. Devant une foule électrique, Soow a lâché cette phrase qui laisse la place à plusieurs supputations divinatoires : «je voudrais dire à mon frère et ami Idrissa Seck, mbourou ak soow, que pogn-sé bi nekhna lool. Surtout si on y ajoute du Gloria.»
Mais quel est ce Gloria ? Diattara ne serait-il pas ce Gloria qui viendrait agrémenter ce fameux cocktail comme on le suppute du côté de la majorité ? Des politiciens nichés au sein de la majorité parleraient de plus en plus d’un rapprochement progressif de Diattara avec Soow au détriment de Mbourou qui, selon eux, n’a plus d’avenir politique. Selon eux Diattara est un jeune qui doit grandir politiquement et s’affirmer à Thiès comme un leader au lieu de vouloir toujours se maquignonner derrière Idrissa Seck qui lui a mis le pied à l’étrier. Et qui voudrait continuer à le traiter un nain voire à le manipuler à sa guise comme un pantin politique. Il ne faut pas exclure demain la réédition, avec l’actuel ministre des Télécoms, du syndrome Omar Guèye, ex-responsable rewmiste à Sangalcam, avec le même Idrissa Seck. Oumar Guèye avait en effet refusé de quitter le gouvernement et de suivre son leader lors du clash entre Macky et Idy en 2013. Une chose est sûre : il sera très difficile pour Mbourou de flétrir demain Soow pour quelque raison que ce soit parce que les Sénégalais ne lui prêteraient pas l’oreille pour recueillir ses jérémiades. Mbourou Seck, Soow Sall, Gloria Diattara, le cocktail risque d’être amer au lieu d’être exquis.