Surcharge carcérale au Sénégal : l’ONU alerte sur une situation explosive

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SENTV : Des conditions de détention « inhumaines » dénoncées par la Rapporteuse spéciale sur la torture

Les prisons sénégalaises sont au bord de l’implosion. C’est le constat alarmant dressé par Alice Jill Edwards, Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la torture, à l’issue d’une visite officielle dans le pays. Dans un communiqué publié ce vendredi, l’experte onusienne a qualifié la surpopulation carcérale de véritable « poudrière » pouvant entraîner émeutes, violences et propagation de maladies.

Des cellules bondées et des conditions de vie dégradantes

Lors de son inspection dans cinq établissements pénitentiaires, Alice Jill Edwards a observé des cellules surchargées, où des détenus s’entassent sur de minces matelas, parfois contraints de dormir en alternance ou dans les couloirs. Dans certains cas, l’espace sous un lit superposé servait également de couchage, illustrant la gravité du manque d’espace.

Face à cette situation, la rapporteuse a souligné que les directeurs de prison, bien que soucieux du bien-être des détenus, sont contraints de réduire les normes élémentaires, y compris les rations alimentaires et la séparation des catégories de prisonniers.

Un appel à des réformes urgentes

Alice Jill Edwards a exhorté le gouvernement sénégalais à adopter des mesures immédiates pour désengorger les établissements pénitentiaires. Parmi les solutions avancées figurent la réduction automatique des peines de 20 % pour les condamnés à de courtes peines et la libération des détenus provisoires incarcérés depuis plus d’un an, sauf pour les crimes les plus graves.

Elle a également plaidé pour une révision globale des peines et un changement de paradigme dans l’administration de la justice, recommandant que la détention provisoire devienne l’exception plutôt que la norme. « J’ai rencontré trop de détenus qui attendent leur procès depuis des années. C’est inacceptable », a-t-elle insisté.

Une remise en question du cadre législatif

L’experte onusienne a également dénoncé l’emprisonnement des femmes poursuivies pour avortement, y compris en cas de viol ou d’inceste, un cadre répressif contraire aux engagements du Sénégal dans le cadre du Protocole de Maputo. Elle a demandé leur libération immédiate.

Par ailleurs, elle a appelé à l’abrogation de la loi d’amnistie couvrant les violences survenues lors des manifestations de 2021 à 2024, exhortant l’État à faire la lumière sur ces événements et à garantir justice et réparations aux victimes.

Le rapport final de sa mission sera présenté au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en mars 2026, un délai qui laisse au Sénégal l’opportunité d’agir pour réformer son système pénitentiaire et judiciaire.

 

La rédaction de la SENTV.info 

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