Au moins 100 personnes tuées et 350 autres victimes d’asphyxie après une frappe aérienne qui a émis du « gaz toxique » à Khan Cheikhoun, ville de la province d’Idlib, selon l’ONG Union des organisations de secours et soins médicaux. La France demande une réunion d’urgence du Conseil de sécurité. Le chef de la diplomatie britannique, Boris Johnson, a pour sa part déclaré que les auteurs de l’attaque devront «rendre des comptes». l’ONU veut «clairement identifier» les responsables de l’attaque «chimique», déclare Staffan de Mistura. L’armée «dément catégoriquement» toute implication.
L’attaque chimique présumée a frappé, mardi tôt le matin, la ville de Khan Cheikhoun, dans la province d’Idlib, en grande partie contrôlée par les jihadistes de l’ex-branche d’Al-Qaïda en Syrie, rapporte notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui dans un précédent bilan avait fait état de 58 morts, dont onze enfants, la qualifie de « la deuxième attaque chimique la plus meurtrière du conflit en Syrie » après celle de l’été 2013, qui avait fait plus de 1 400 morts. L’OSDH parle d’enfants « peinant à respirer sous leurs masques à oxygène, leur corps saisi de convulsions ».
Citant des témoins oculaires et des secouristes, l’AFP rapporte que « les victimes ont les pupilles dilatées, des convulsions et de la mousse sortant de la bouche ». L’hôpital où sont soignées les victimes a été gravement endommagé par des raids aériens, provoquant la fuite des médecins.
Un témoin raconte à RFI
Selon un contact de RFI sur place le premier bombardement surprend la population dans son sommeil. Il est 6h du matin, le village de Khan Cheikhoun dort encore lorsque l’aviation lâche ses bombes. Au sol un gaz toxique se répand rapidement. Des dizaines de personnes sont tuées sur le coup.
« Ce mardi matin vers 6h30 locale, il y a eu plusieurs bombardements aériens, raconte Abou El Haythem el Hour, militant de l’opposition syrienne basé dans la province d’Idlib, contacté par RFI. La ville de Khan Chaykhoun a été ciblée par l’aviation du régime de Bachar al-Assad. Du gaz toxique a été utilisé…». Plusieurs personnes sont rapidement décédées, mais il y a eu aussi des centaines de « civils intoxiqués par ce gaz qu’ils ont respiré ».
« Toutes ces victimes sont conduites vers les hôpitaux. Le bilan devrait évoluer. Les gens ont été intoxiqués au gaz sarin », poursuit Abou El Haythem el Hour.
Nouveau raid aérien sur l’hôpital
Des centaines d’autres personnes n’arrivent plus à respirer. La protection civile, les secouristes des Casques blancs interviennent, ils évacuent les victimes vers un hôpital de cette région, sous contrôle rebelle.
Quelques heures s’écoulent les avions de combat sont de nouveau dans le ciel de la province d’Idlib. L’hôpital où sont soignées les victimes est à son tour ciblé.
Toujours selon notre contact sur place, un militant de l’opposition syrienne, le gaz utilisé serait extrêmement toxique. Il affirme – catégorique : « Ce n’est pas du chlore. Les attaques au chlore on connaît ici en Syrie… C’est probablement du gaz sarin ».
Une information impossible à vérifier pour le moment, mais les photos des victimes qui circulent déjà sur Internet montrent des personnes à terre avec de l’écume blanche qui leur sort de la bouche.
L’OSDH indiquait de son côté que les personnes sont décédées en raison des effets du gaz, notamment par suffocation, mais qu’elle n’était pas non plus en mesure de donner la nature de ce gaz. Des sources médicales dans la ville ont notamment fait état d’évanouissements, de vomissements et de présence de mousse dans la bouche des victimes.
La France demande une réunion d’urgence du Conseil de sécurité
La Coalition nationale, importante composante de l’opposition syrienne, accuse le « régime du criminel Bachar » d’avoir mené ce raid avec des « obus contenant du gaz chimique » et demande au Conseil de sécurité de l’ONU de convoquer une réunion urgente après ce crime et d’ouvrir une enquête immédiate ».
Une demande relayée par la France en raison des soupçons d’attaque à l’arme chimique. La France a demandé la convocation d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU après une « nouvelle attaque chimique particulièrement grave » en Syrie, a annoncé mardi le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault.
Le président Hollande pointe, quant à lui, la « responsabilité morale » des « alliés » de Bachar el-Assad.