L’ex-président tchadien Hissène Habré, reconnu coupable le 30 mai de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, a été condamné vendredi 29 juillet à verser entre 10 et 20 millions de FCFA – soit entre 15 245 et 30 490 euros – par victime par le tribunal spécial africain qui l’a jugé à Dakar.
Les Chambres africaines extraordinaires (CAE) ont ordonné l’indemnisation des victimes de viol, de détention arbitraire ou prisonnier et rescapé, et des victimes indirectes, a annoncé son président, le magistrat burkinabè Gberdao Gustave Kam.
Le jugement a été rendu en l’absence de Hissène Habré, à la tête du Tchad de 1982 à 1990. Mais les avocats commis d’office pour sa défense étaient présents.
30 000 pour les victimes de viol et d’esclavage sexuel
La juridiction « condamne M. Habré à payer à chacune des victimes de viol et d’esclavage sexuel la somme de 20 millions de FCFA (30 490 euros) à chaque victime de détention arbitraire, prisonnier de guerre et rescapé la somme de 15 millions de FCFA (22 867 euros) et (à chacune) des victimes indirectes (ayant perdu des proches, ndlr) 10 millions de FCFA », a indiqué Gberdao Gustave Kam.
Ce dernier s’est toutefois gardé de préciser le nombre de victimes dites « indirectes ».
Le chiffre de 4 733 victimes avancé
Selon la Tchadienne Jacqueline Moudeina, présidente du collectif des avocats des victimes, le nombre total de victimes est de 4 733 dont 1 625 directes, a-t-elle déclaré à la presse à l’issue de l’audience. Parmi ces victimes, une quinzaine de femmes ont été, selon elles, victimes de viol et d’esclavage sexuel, a ajouté Jacqueline Moudeina.
Hissène Habré a été condamné le 30 mai à perpétuité pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de tortures par les Chambres africaines extraordinaires (CAE).
Les CAE ont été créées en vertu d’un accord entre le Sénégal et l’Union africaine (UA) pour juger Hissène Habré à Dakar, où il s’est réfugié en décembre 1990 après avoir été renversé l’actuel président Idriss Déby Itno. Selon une commission d’enquête tchadienne, le bilan de la répression sous son régime aurait coûté la vie à quelque 40 000 personnes.
AFP