Tribunal de Dakar : Simon Faye présenté au parquet pour diffusion de fausses nouvelles, la profession s’insurge
SENTV : Le journaliste Simon Faye, rédacteur en chef de Zik FM et Sen TV, a été déféré ce lundi matin devant le parquet de Dakar. Il est poursuivi pour « diffusion de fausses nouvelles », après la reprise sur les supports du groupe D-Media d’un article controversé rapportant une supposée convocation de l’opposant Ousmane Sonko à Abidjan par le président ivoirien Alassane Ouattara.
Selon les éléments de l’enquête confiée à la Brigade des affaires générales de la Division des investigations criminelles (DIC), le contenu incriminé provient du site Afrique Confidentielle et aurait été diffusé à la fois sur la page Facebook de Zik FM et à l’antenne de Sen TV. Cette publication a suscité une réaction immédiate du parquet de Dakar, qui s’est autosaisi du dossier.
Défense ferme du journaliste
Entendu sous le régime de la garde à vue, prolongée durant le week-end, Simon Faye a nié toute implication directe dans la diffusion de l’information controversée. Il a indiqué ne pas être au courant de la publication sur la page Facebook, affirmant qu’aucun journaliste placé sous sa responsabilité ne l’avait validée ni relayée sciemment. Assisté de ses conseils, il a réitéré sa bonne foi tout au long de l’audition.
Malgré ces déclarations, le parquet a ordonné son déferrement ce lundi matin, relançant le débat sur les responsabilités éditoriales dans les rédactions et sur la régulation des contenus partagés sur les plateformes numériques liées aux organes de presse.
Vives réactions du monde médiatique
La convocation et le maintien en garde à vue de Simon Faye ont provoqué une levée de boucliers dans le monde des médias. Le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS) a dénoncé une procédure jugée disproportionnée et attentatoire à la liberté d’informer.
« Ce n’est pas en criminalisant les journalistes que l’on garantit l’éthique et la rigueur dans les médias », a déclaré un représentant du SYNPICS ce matin lors d’un point presse tenu devant le tribunal.
Plusieurs organisations de défense des droits humains et de la liberté de la presse, dont Article 19 et Amnesty International Sénégal, ont également exprimé leur inquiétude quant à ce qu’elles qualifient de « dérive judiciaire contre la presse », appelant à la libération immédiate du journaliste.
Un climat tendu entre presse et autorités
Cette affaire intervient dans un contexte politique déjà tendu, où la liberté de la presse au Sénégal fait l’objet de nombreuses alertes. Ces derniers mois, plusieurs journalistes ont été interpellés ou inquiétés pour leurs publications, ravivant les inquiétudes sur une volonté de musellement de la presse critique.
À l’heure où nous écrivons ces lignes, le parquet n’a pas encore annoncé s’il comptait requérir l’ouverture d’une information judiciaire ou renvoyer Simon Faye devant le juge du tribunal correctionnel.
La rédaction de laSENTV.info