Au lendemain de l’attaque qui a fait 39 morts dans une discothèque d’Istanbul, l’ambiance était pesante ce 1er janvier au soir dans les rues de la capitale économique de la Turquie. D’autant plus que cet évènement avait été précédé d’une campagne abondamment relayée qui appelait au boycott des festivités du Nouvel An et d’avertissements sur un risque d’attentat. L’ambiance est lourde à Istanbul ce 1er janvier au soir. La mégalopole turque est sous le choc au lendemain de l’attaque qui a fait 39 morts, selon le dernier bilan.
Les rues ne sont pas désertes, mais beaucoup moins fréquentées qu’à l’habitude un dimanche ou un jour férié, notamment dans les environs de la discothèque Reina. Ce quartier situé au bord du Bosphore est très populaire notamment pour ses restaurants, plutôt vides aujourd’hui.
La fatigue et la résignation sont aussi palpables parmi les Stambouliotes, après cette longue, très longue série d’attentats qui frappe la Turquie depuis maintenant un an. En un an et demi, les attaques attribuées à la rébellion kurde ou au groupe État islamique ont fait 400 morts.
Avec la série d’attentats la peur s’installe chez les Stambouliotes, et les commerçants, notamment les propriétaires de bar et de café, craignent de voir leur clientèle fuir leurs établissements :
Le Nouvel An n’est en effet pas une fête musulmane. La campagne pour son boycott a reçu un véritable écho dans la presse conservatrice.
Un quotidien publiait par exemple hier à sa Une une « dernière mise en garde » à ses lecteurs, leur demandant de ne pas célébrer le Nouvel An. Cet avertissement apparaît a posteriori très menaçant et très symbolique après l’attentat de la nuit dernière.
« Ces derniers jours, il existait une crainte très importante relayée par les médias turcs et par les autorités qui étaient sur le pied de guerre et en alerte maximum », explique Jean Marcou, spécialiste de la Turquie et enseignant à Sciences Po Paris.
« Les ambassades étrangères, en particulier celle des États-Unis, avaient signalé qu’il y avait un risque extrêmement important d’attentat, poursuit-il. En Turquie, on connaît une accélération du phénomène et la population vit avec cette crainte. Mais les Turcs sont soudés et solidaires et résistent pour le moment à cette intimidation ».
« Ces attaques dans notre pays sont plutôt organisées par l’Etat islamique, mais facilitées par le gouvernement central », estime Eyyup Doru, représentant du parti kurde HDP en Europe, qui tient à condamner « ce lâche acte terroriste ».
« À chaque attaque, estime-t-il, le gouvernement n’a pas montré de réaction contre ces actes barbares commis contre la population civile et surtout contre les Kurdes, que ce soit à Suruç, Diyarbakir et Ankara. Nous voyons que tout est coordonné et j’espère que le gouvernement va changer sa politique envers toutes ces organisations désignées comme islamistes radicales ».
AFP